Projet de 10 logements sociaux de Nkolnkoumou
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Thursday, 30 September 2010
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Quelles sont les conditions à remplir pour être propriétaire d’un logement ?

Commencé depuis le 16 juin dernier, ledit projet prévoit une phase test de trois logements pilotes à moindre coût pour des personnes à revenus modestes.

D’après Christian Yankan, administrateur du GIC MAHAMUN, porteur du projet de 10 logements sociaux de Nkolkoumou, le 16 septembre dernier, la 1ère maison pilote était achevée. La 2nde et la 3ème maison sont à l’étape de l’élévation des murs. D’ici fin octobre prochain, lesdites demeures pour personnes à revenus faibles seront livrées.

Pour ce qui est des conditions pour être bénéficiaire de l’un de ces joyaux, rapprochons nous de Aude Cuzon, responsable du Bureau d’appui aux Mutuelles et Coopératives d’habitat (BAMCH) qui nous informe qu’un logement d’une valeur estimée entre 5 et 6 millions de Fcfa est remboursable en 10 ans à raison de 50 000 Fcfa/mois.

L’une des conditions est d’avoir des revenus stables, « du moins une activité économique garantissant des revenus à la fin du mois. Pour ceux qui ont un salaire fixe, ils procéderont à une autorisation de virement irrévocable auprès de leur banque », explique-t-elle. Et, comme ce sont des demeures destinées à des populations démunies, il faudra être de condition de vie modeste. « Nous ne prenons pas les gens qui ont des moyens pour se construire sur le marché libre». Le projet, qui ambitionne de loger les « mal logés », exclut également, toute personne déjà propriétaire d’une maison dans la ville de Yaoundé, « ceci dans le souci d’éviter les cas de location ou de revente ».

 

Economie sociale et solidaire

L’adhésion au système coopératif (ici, Coopérative d’habitat) est un atout indéniable car, explique Aude Cuzon, le système coopératif qui appartient au secteur de l’économie sociale et solidaire, fonctionne à la fois comme une entreprise et une association. Entreprise car elle produit des biens et services pour ses membres sur un principe de rentabilité. Association car tout coopérateur dispose d’une et une seul voix à l’AG et décide ainsi du devenir de l’entreprise dont il est sociétaire. « La Coopérative d’habitat produit un service marchand qui place la personne humaine au cœur de ses activités. La Coopérative ne recherche non pas le profil mais la qualité des services rendus à ses membres », continue-t-elle.

 

Logement sécurisé

Les personnes prioritaires au projet devront avoir entre 20 et 40 ans et ne sont pas forcement des membres d’ASSOAL ou du RNHC. « Après la phase pilote, nous souhaitons que des membres issus des mutuelles d’habitat de quartier adhèrent au projet collectivement et se portent garants les uns les autres », nous informe la responsable  du Bureau d’appui des MCH. Chaque futur propriétaire, pour occuper sa demeure, doit verser au moins 20 % du coût total, puisqu’il peut d’ores et déjà bénéficié de son usage et l’aménager selon son goût. Il en deviendra définitivement propriétaire après s’être acquitté de l’ensemble des mensualités et pourra alors obtenir son morcellement sur la base du titre foncier initial. Bien évidemment, le contrat liant le bénéficiaire à la Coopérative d’habitat peut être rompu à tout moment, selon les modalités prévues. La Coopérative ambitionne dans le futur de rendre d’autres services tel qu’un appui en matériaux aux personnes ayant déjà des parcelles de terrain  pour leurs constructions, conclut Aude Cuzon.

 

 

Interview

« La politique d’habitat social au Cameroun ne profite pas aux familles pauvres »

Après avoir assisté à la fin du mois de juillet dernier à Yaoundé à l'atelier international d'échanges sur les techniques de construction et de valorisation des matériels locaux organisé par ASSOAL, le RNHC et les partenaires au développement, Carmen Rosa Uceda, architecte Péruvienne de l'Ong CEPROMUR compare les politiques d’habitats telles pratiquées entre le Cameroun  et le Pérou.

 

Quels commentaires pouvez-vous faire en ce qui concerne la politique d'habitat social telle menée au Cameroun ?

 

J'ai senti un mouvement intéressant à partir de la société civile pour mettre à la disposition de l'État du Cameroun, des jalons d’une politique d'habitat social parce que les actions qu'il exécute ne profitent pas aux familles pauvres. Il existe les organismes étatiques qui peuvent proposer des alternatives adéquates, tel  est le cas de la  MIPROMALO, organisme qui  étudie, prospecte et expérimente les matériels locaux, mais somme toute ses produits sont orientés vers les classes les moins nécessiteuses. À ce qui paraît, l'État prête une certaine attention aux propositions qui lui parviennent, et cela se convertit en opportunité à mettre en évidence- à travers des actions pratiques comme le sont les projets pilotes de logements-, qu'il est possible et nécessaire de créer des politiques publiques d’habitats qui profitent à ces secteurs à faibles revenus, avec un logement décent, un habitat adéquat insérés dans les plans de développement urbain des villes,  engendrant avec tout cela une croissance ordonnée, planifiée et inclusive.

 

Et sur l'action de la société civile particulièrement, les organisations comme ASSOAL et le RNHC sur cette thématique ?

 

La réponse à l’invitation pour participer à l'atelier international, a surpassé la limite exigée, et cela montre l'intérêt et l'engagement avec lesquels on est entrain d’impulser la création des politiques d’habitat au Cameroun en ce qui concerne l'Ong ASSOAL. Cette réponse a été très hétérogène : des fonctionnaires des ministères et des municipalités, des conseillers de ministres, des institutions de financement, une entreprise privée, des Ong, des artisans, etc.. Ce qui révèle un travail qui nécessite l'apport de tous. Mais ce qu’on a noté est la faible ou l’absence de représentativité des organisations d'habitants et qu'elles accompagnent la conception des propositions. L'élaboration des stratégies, d'action principale dans laquelle la société civile se trouve, mérite l'incorporation des groupes de localités potentiellement bénéficiaires (des associations d'habitants, de propriétaires, des associations engagées dans le logement social, etc..) à partir du moment où ils donnent de la force et de la durabilité aux normes qu’ils peuvent concevoir et établir.

 

 

Quelle est la différence à l'instar de ce qui se fait au Pérou ?

Au Pérou les politiques d’habitat ont 8 ans d’existence et ont été élaborées à partir des expériences des pays voisins tels que le Chili et la Colombie qui ont des politiques d’habitat social depuis près de 20 ans. Ces politiques répondent à un modèle établi par le BID dont le facteur principal a été l'allocation pour le logement social. Actuellement au Pérou, on est en train de développer une série d'évaluations et des propositions de la société civile pour identifier la nécessité d'ajustements dans le système de financement afin qu’il profite aux secteurs à faible ressources qui jusqu'à présent ne peuvent pas s’intégrer dans les programmes. Le Ministère du logement, de la Construction et de l’Assainissement est celui qui dirige la politique d’habitat et est l’acteur direct dans les programmes qui touchent à l'Amélioration Intégrale des Quartiers. (Mon Quartier, Mon appartement, Les rues de mon quartier; Mon village, etc.)

Le Fonds « Mon logement » est l'organisme qui se charge directement du programme « Toit Propre » qui pourvoit la subvention à ces familles qui répondent aux conditions requises pour bénéficier et accéder à un logement. L'entreprise privée ou constructrice est responsable de la construction du logement. Elle est celle qui reçoit l'épargne (A), la subvention (B) et le crédit de la banque (C) dans la mesure où elle qualifie la famille pour compléter la valeur du logement. Le processus de garantie des programmes a été lent. Les secteurs pauvres n’ont pas eu confiance en l'Etat (ils ne croient pas qu'on leur fasse des "dons" pour leurs logements) et n'ont pas de pratiques d'épargne et moins de relation avec la banque privée. Malgré cela, il y a eu des expériences qui ont permis d'affiner et d’améliorer quelques aspects, et c'est les Ong à partir des projets pilotes, qui ont facilité ces changements en les remettant à l'État sous forme systématisée et avec des propositions.

 

Quelles suggestions ou conseils pratiques pour faire mieux ?

Il est fondamental de construire des politiques de logement social qui ne soient pas détachées du concept de la "ville". C'est une leçon tirée des cas chilien et péruvien. Ce dernier essayant dans le temps de pouvoir le restituer en créant des programmes rattachés à l’amélioration des quartiers, qui n'obtiennent pas encore l'effet escompté à partir du moment où ils ne sont pas interconnectés par les projets de logement à proprement parlé. Un sujet important, qui est en relation avec l’information et une intense promotion préalable est la typologie du logement à laquelle on doit adapter le nouveau logement. Nous rencontrons la difficulté à comprendre le logement social comme logement collectif (plurifamilial), ce qui facilite la cohérence en ressources constructives et dans l’utilisation du sol. Concevoir de nouvelles formes et styles de vie doit faire parti d’une politique avec la promotion.

Le financement est l'un des aspects les plus importants ; considérer les institutions financières les plus contiguës avec la pratique populaire c'est fondamental. Dans le cas du Pérou on propose l'intercession du système financier social aux Coopératives, qui sont les instances les plus proches de la population et qui peuvent faciliter des micros crédits, plus en accord  avec leurs  revenus et  les formes de travail. L'assistance technique est un aspect  fondamental. Dans le cas péruvien elle repose strictement sur l’entreprise constructrice, qui a l'avantage d'obtenir l’utilité, détermine un logement social par rapport au petit  logement (moins de m2 d'une construction). Ce modèle ignore la propre pratique de cette population qui auto construit. Un logement de qualité technique est important ; mais celui-ci peut être obtenue par une consultation adéquate et la direction qui peut faire partie du système de subvention de la politique de financement. Et finalement, le développement des technologies constructives, qui implique l'utilisation des matériaux locaux pour baisser le prix facilite la construction sur des espaces appropriés au développement de la famille.